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Où en est la révolution ?

par | mercredi 24 avril 2024 | Actu / Inactu, Chroniques de l'Apocalypse

Frédéric Lordon et l’esbroufe pseudo-révolutionnaire

L’écrivain gauchiste Frédéric Lordon a eu, il y a quelques années, une petite phrase bien sentie qui réduisait à néant l’arnaque du chantage à la dette, ce piège grossier dans lequel tant de personnalités soi-disant « réalistes » — conservateurs de droite à la Charles Gave ou Olivier Delamarche — sont tombées tête la première : « Le vrai réalisme c’est de fermer la bourse, de saisir les banques et de ne pas payer la dette. » C’est exact, et cela règle son compte, au passage, au dilemme idéalisme-réalisme (utopisme-cynisme), transversal au clivage droite-gauche et qui parcourt la vie politique occidentale depuis deux millénaires maintenant. Mais voilà Lordon qui, hélas, retombe dans l’idéalisme le plus primaire et le plus puéril avec sa petite causerie du 5 mars dernier, intitulée « Il n’y a pas d’autre solution que d’être révolutionnaire », affligeant ramassis de stupidités pour gosse de riche et qui montre bien, par défaut — et par contraste avec le niveau de maturité auquel sont en train d’arriver les Gilets-Jaunes —, où en est la révolution aujourd’hui en France.

« Le capital a faim » — commence par constater poliment et gentiment Lordon — et c’est pour ça qu’il détruit tout, qu’il avale tout et qu’il dissout tout ce qui bouge. Mais c’est beaucoup plus grave et plus profond qu’une simple fringale ou que la vulgaire volonté de puissance et de jouissance : c’est une névrose aggravée d’une psychose, une compulsion nihiliste et véritablement satanique, pas même seulement morbide et mortifère mais purement et simplement suicidaire, qui ne vise même pas à se remplir la panse et à jouir de son festin, mais qui ne vise qu’à détruire, anéantir et annihiler le monde, la nature et la vie tout entière, et qui ne pourra disparaître que comme une tumeur cancéreuse, en s’autodévorant.

Lordon s’offusque ensuite de voir le totalitarisme libéral adopter la « solution ethno-nationaliste, raciste », comme seul recours pour perdurer. Ce n’est pourtant pas nouveau, et le soutien de Hitler par les financiers judéo-anglo-saxons n’est plus un secret depuis longtemps, sauf qu’en l’occurrence, pour le cas français, c’est faux, dans la mesure où les Français ne sont pas racistes et qu’ils sont juste fatigués d’avoir à subir une déferlante migratoire qu’ils n’ont jamais voulue et qui n’a aucune raison d’être (pas même humanitaire) hormis de semer la haine et le chaos en Europe et de pousser les Européens à la guerre civile ethnique1 : l’immigration ne sert que les intérêts du capital, et il faut être aussi con qu’un gauchiste pour ne pas le comprendre et continuer à défendre les migrants au lieu de tout mettre en œuvre, comme Kémi Séba et le mouvement panafricaniste, pour que l’émigration cesse enfin et que chacun s’occupe de son propre pays (ce qui implique évidemment pour les Français de se barrer d’Afrique et d’arrêter l’exploitation postcoloniale — qui est, de toute façon et désormais, en train de s’achever, mais si la Françafrique est maintenant en déroute c’est grâce aux Russes et certainement pas grâce aux gauchistes, qui ont d’ailleurs, dans leur effroyable stupidité, assez systématiquement tendance à cracher sur les Russes).

Il y a donc « une seule hypothèse réaliste : la radicalisation bourgeoise » ; dès lors la racaille mondialiste « jettera tout dans la bataille » : mais il y a un bon moment déjà que la racaille capitaliste jette toutes ses forces dans la bataille, y compris avec une fausse pandémie et un faux virus qui n’a tué presque personne (sauf des gens qui ont été assassinés par leurs propres autorités sanitaires) et un faux vaccin qui a tué, lui, et qui continue à tuer beaucoup de monde. C’est pourtant là l’un des véritables points de bascule de notre époque, comme tous les révolutionnaires sérieux l’ont déjà dit : le capital et ses larbins, la racaille d’Etat, la maffia sioniste qui parasite nos pays, toute cette maffia mondialiste sans foi ni loi considère les peuples comme un bétail, un ramassis d’animaux stupides uniquement destinés à être exploités et rentabilisés jusqu’à ce que mort s’ensuive par tous les moyens possibles (y compris et surtout les pires, car ces gens-là sont des psychopathes qui jouissent de la souffrance infligée à autrui). Tant qu’on n’a pas compris ça, il est inepte, indécent et ridicule d’oser parler de politique et a fortiori de révolution. (Et cela montre bien, comme la suite va nous le prouver, à quel point les Gilets-Jaunes sont en avance sur les abrutis de gauche auxquels s’adresse Lordon.)

« Quel gouvernement élu peut résister à ça ? Réponse : aucun. » Si : un gouvernement GJ, parce que sa légitimité, son intelligence, son intégrité, sa lucidité, forgées dans le sang, la sueur et les larmes, le rendront invincible et inattaquable. À ceci près qu’un gouvernement GJ ne sera évidemment jamais élu, puisque le système électoral est pourri de l’intérieur, et qu’il va donc falloir, pour que le peuple reprenne en mains les leviers du pouvoir politique (de l’exécutif, du législatif, du judiciaire, du juridique, du monétaire, de l’économique, du commercial, du scientifique, du médical, du sanitaire, de l’éducatif, de l’agricole, de l’industriel, etc. : de tous les pouvoirs), attendre que le système maffieux qui parasite et gangrène la France s’écroule de lui-même, le temps que la racaille mondialiste s’épuise et s’évanouisse à l’issue de sa mise en échec ultime en Ukraine et à Gaza2.

Cela semble néanmoins avoir échappé à la sagacité de notre petit phrasuleur gauche-caviar, qui pontifiait ainsi, le 5 mars dernier : « Alors se profile le point L, L comme Lénine, le point où tout se décide : celui où un pouvoir de gauche [lequel ?] choisit entre s’affaler et la confrontation. » Mais la gauche est déjà affalée, depuis longtemps vautrée dans de fausses luttes, non seulement pathétiques mais pathogènes, voulues et décidées par le capital : le féminisme, le wokisme, l’immigrationnisme. Les gauchistes sont encore et toujours les « idiots utiles » du capital, les abrutis qui se mobilisent pour des combats qui profitent en fait aux mondialistes : le féminisme, qui détruit la famille et la natalité, le wokisme, qui détruit l’identité biologique et aggrave encore la chute démographique (sans parler de ses ravages psychologiques), ce qui justifie l’invasion migratoire, pour compenser la natalité en berne, et pour détruire la culture et l’identité françaises et européennes en faisant venir un maximum d’étrangers avides de revanche et conditionnés à la haine des Blancs, tous considérés comme racistes et colonialistes (alors que les racistes et les colonialistes, ce furent et ce sont encore les sionistes, qui se considèrent, en tant que « peuple élu », comme supérieurs au reste du monde, et qui ont utilisé les Européens pour bâtir des empires coloniaux à leur profit).

« Le nombre, la masse », s’enflamme maintenant le petit Frédéric : « seul le nombre pourra tirer les verrous. La grève générale avec occupation générale : voilà les données réalistes du problème. » Tiens, voici Georges Sorel, inspirateur de Lénine, concepteur de la grève générale comme mythe mobilisateur et levier révolutionnaire ! « Dans l’idée de tout niquer avec méthode [cette formule, à elle seule, suffirait à montrer l’inconséquence et la puérilité de Lordon], une organisation à base ouvrière, à implantation salariale et populaire aussi large que possible, est le premier article de la méthode. » Encore une fois, c’est exactement ce qu’ont fait, ce qu’ont été les Gilets-Jaunes : un mouvement à base ouvrière et à implantation salariale et populaire aussi large que possible. T’es con Lordon ou quoi ? Le train de la révolution t’est passé sous le nez et t’as rien vu.

Christophe Chalençon, qui fut sans doute le meilleur, voire le seul véritable porte-parole des Gilets-Jaunes. C’est sans doute son appel répété à l’insurrection des « gens d’armes » qui a provoqué sa récente réduction au silence : l’Etat ne saurait supporter de voir contester son sacro-saint « monopole de la violence physique« , seul et unique moyen de sa survie.

« Le nombre ne se mettra pas en mouvement sans qu’auparavant on l’ait fomenté. » C’est qui, « on » ? Réponse : l’État profond, ducon. Voici maintenant un autre point nodal de la stratégie capitalo-mondialiste contre le peuple, que pas grand-monde n’a compris et que moins de monde encore a eu les couilles d’affirmer en public, à l’exemple de Christophe Chalençon (qui vient d’ailleurs d’être martyrisé par la racaille d’État en se voyant inoculer un cancer du pancréas) : le mouvement des GJ a été « fomenté » par le deep State (comme il le dit dans cet excellent entretien). Quand la masse des GJ s’est mise en mouvement, c’est parce qu’elle avait été fomentée par des mesures aberrantes, exaspérantes, et, comme qui dirait… destinées à pousser le peuple à la révolte. L’énorme manipulation dont a fait l’objet une Jacline Mouraud, puis les trois ou quatre marionnettes qui ont joué le rôle de porte-parole (l’inepte Maxime Nicole, l’aimable et inoffensif François Boulo), montre que l’État profond (concept qui semble échapper à ce pauvre Lordon) a tout fait pour provoquer l’insurrection populaire, la récupérer ensuite, la foutre en l’air enfin, et cela dans le but de vidanger la fureur populaire pour avoir davantage de marge de manœuvre par la suite. Et puisque Lordon évoque la grève générale, qui a été conceptualisée par Georges Sorel, je lui rappellerai que l’insurrection qui vient (comme disait le Comité invisible) n’aura pas besoin d’être fomentée par une quelconque avant-garde soi-disant éclairée : « Il n’y a pas de sauveur suprême : ni Dieu, ni César, ni tribun / Travailleurs, sauvons-nous nous-mêmes : travaillons au salut commun ». Alain de Benoist l’avait bien résumé (dans l’excellent numéro de la revue Krisis de décembre 2015 sur le socialisme) : « L’apport majeur de Georges Sorel à la pensée sociale pourrait bien tenir dans ce mot : nous-mêmes (qui, en irlandais, se traduit par Sinn Féin). L’expression revient d’ailleurs constamment sous la plume des théoriciens du syndicalisme révolutionnaire. En 1898, Sorel répète que ’’le socialisme n’est pas une doctrine, une secte, un système ; c’est l’émancipation des classes ouvrières qui s’organisent, s’instruisent et créent des institutions nouvelles’’. » Et de fait, en effet, les GJ se sont organisés, se sont instruits (et continuent plus que jamais à s’instruire) et créent, virtuellement du moins, des institutions nouvelles (avec le Référendum d’Initiative Citoyenne). « C’est aussi ce qu’explique l’ex-anarchiste Georges Yvetot, qui succéda à Fernand Pelloutier à la tête de la Fédération des Bourses du Travail : ’’La classe ouvrière est assez grande pour marcher toute seule puisqu’elle sait mieux que les intellectuels où elle va, vers quel but et par quels moyens’’. » C’est exactement ce qu’ont montré les GJ, qui n’ont eu besoin de personne (et que personne n’a pu récupérer) pour savoir ce qu’il était juste et nécessaire de faire : autrement dit la France, la vraie, celle du peuple, est mûre pour le socialisme, le vrai, c’est-à-dire pour une République accomplie. « Telle était d’ailleurs la vieille idée de Jaurès : le socialisme, c’est la république jusqu’au bout » (Denis Collin), c’est-à-dire un peuple autonome et souverain. Les Gilets-Jaunes, c’est l’accomplissement de la République.

Le petit Lordon en est loin, très loin. « Il faut s’intéresser aux élections car il arrive qu’elles créent des situations intéressantes », c’est-à-dire… que la ’’France Insoumise’’ accède au pouvoir ! Et ce crétin ose se prétendre révolutionnaire ? « Penser stratégiquement, avec discernement », ose-t-il fanfaronner : on croit rêver. Il n’a pas encore capté que les élections étaient truquées et leur résultat prévu à l’avance. À quel point faut-il être à l’ouest en effet, ahuri, largué, perché, coupé des réalités, pour croire un seul instant que les deux dernières élections présidentielles de 2017 et 2022, avec leurs invraisemblables résultats, n’ont pas été truquées ? Élections, piège à cons : c’est plus vrai que jamais.

« Un gouvernement de gauche », c’est « la contestation sociale réautorisée » : là encore on croit rêver. Comment pourrait-il y avoir de la contestation sociale sous un véritable gouvernement de gauche ? Des mouvements écolos qui ne soient plus criminalisés ou harcelés ? Mais c’est un gouvernement écologique pour de vrai qu’il s’agit de mettre en place, un gouvernement qui aille beaucoup plus loin que ne le peuvent les mouvements écolos actuels, y compris les Soulèvements de la Terre.

« Une fenêtre pour l’entrée en scène du nombre » : elle s’est déjà ouverte, en novembre 2018. « Le truc avec le nombre, c’est que quand il est parti, il est possible qu’on ne l’arrête plus si facilement » : hélas, si : à grands coups d’yeux crevés et de mains arrachées. « Le pouvoir, il [le nombre] pourrait bien avoir le désir de le devenir lui-même, et de se poser en souverain de toutes les affaires qui le concernent » : mais encore une fois, qu’ont fait d’autre les Gilets-Jaunes ? C’est exactement ce qu’ont fait les GJ, avec le Référendum d’Initiative Citoyenne : que le pouvoir décisionnaire revienne enfin au peuple. « Le but ultime d’une révolution, en réalité, c’est ça » : en effet, le pouvoir au peuple. (Ce que la gauche-caviar, qui n’a rien de démocrate, se permet d’appeler le ’’populisme’’, dans une ignominieuse tentative de faire passer le peuple pour un ramassis d’abrutis.)

« Le capital radicalisé ne laissera pas faire » : on a vu, merci. « Le cas du changement climatique devrait pourtant être assez parlant » : non, abruti, puisque c’est encore une ruse des capitalistes pour te culpabiliser, faire diversion et dévier les forces contestataires ou écologiques sur un faux problème. Après le wokisme, le transgenrisme et le transfrontiérisme, Lordon trouve encore le moyen de tomber dans le piège du climatisme : difficile d’être plus con.

« Pourquoi faut-il être révolutionnaire ? Parce qu’il n’y a plus d’autre solution » : si, il y en a une autre, et c’est la sécession. Sortir du système, ou plutôt (car ce n’est pas entièrement possible) se mettre à la marge, le plus possible à l’écart du système capitaliste. (C’est la dynamique des écolieux et des écovillages.) C’est comme ça qu’ « on prend les clefs du train » : le train local et social, en laissant le train global et libéral se fracasser sur le mur du réel (ce qui ne devrait plus tarder).

« Nous devons travailler à faire advenir ce jour où, pour le plus grand nombre, la révolution sera devenue une question de logique, et la seule solution pour arrêter de tout perdre et pour tout conquérir » : ce jour est déjà arrivé, crétin, et la nuit lui a succédé, sous l’effet conjugué, d’une part, de la répression la plus brutale (racaille en uniforme et défoncée au Captagon au service de la racaille en costard-cravate défoncée à la coke : comme quoi il faut vraiment être défoncé H24 pour que le capitalisme puisse continuer à tourner), et d’autre part, du confinement pseudo-sanitaire imposé par les mondialistes le 19 mars 2020, qui a été le seul moyen de mettre un terme — provisoire, quoi qu’il en soit — à l’épopée des Gilets-Jaunes, la dernière insurrection révolutionnaire que nous ayons connue en France, pour l’instant, en attendant la prochaine, qui sera la bonne, et qui est d’ores et déjà en cours.

Pourquoi ? Parce que la solution révolutionnaire ne doit pas seulement s’entendre en termes d’action collective et sociale, extérieure et matérielle, mais aussi et surtout en termes d’action individuelle, intérieure, morale et spirituelle. « La seule et unique » révolution est intérieure, disait Krishnamurti : l’émancipation n’est pas seulement matérielle, elle est d’abord morale et mentale. (Cesser de vouloir abattre cet ordre pourri mais le laisser se démanteler tout seul et pendant ce temps préparer la suite.) Cela advient quand on a compris le sens de ce système, et qu’on n’a dès lors plus besoin d’y prendre part : on l’a dépassé. C’est vaincre la bête en soi, maîtriser le besoin de puissance et de jouissance, dépasser le besoin de vengeance et de reconnaissance : tel est le stade de maturité auquel il s’agit de s’élever, et l’on ne peut s’y élever qu’au moyen d’une rigoureuse introspection. Cela permet de réaliser ceci : l’intelligence et la compréhension, de soi et du monde, sont libératrices, alors que « la vengeance, la critique négative et la condamnation, en revanche, vous rendent inévitablement faibles » et renforcent votre aliénation (David Hawkins, Pouvoir contre force). Quand on a compris quelque chose, on n’en est plus affecté : on s’en est libéré. (Spinoza : « Toute passion cesse d’être une passion dès qu’on s’en fait une idée claire et distincte. ») On a compris, on s’en libère et on peut passer à autre chose. Tel est le détachement auquel de plus en plus de monde est en train d’arriver, en silence et de manière invisible, comme il se doit. Cela se déduit notamment du fait que les GJ, face à l’impossibilité d’une action révolutionnaire extérieure, c’est-à-dire violente — car sur le terrain de la violence, la maffia étatique aura toujours le dernier mot, puisque que ses chiens de garde (CRS, flics et gendarmes) sont incapables de se retourner contre la main qui les nourrit (ce qu’il serait bien naïf et tout à fait vain de leur reprocher) —, les GJ, donc, se sont jetés dans la recherche d’info et d’explication alternative, qu’ils sont donc massivement entrés en ’’complotisme’’, et qu’ils sont dès lors en train de comprendre par et pour eux-mêmes comment fonctionne ce monde immonde, ce qui leur permet de s’affranchir du narratif officiel, et donc des contraintes mentales et morales (qui font encore tenir debout cette société de merde), de l’abrutissement et de l’esclavage mental, de la corruption morale et de la dégénérescence psychique, que ce narratif essaye d’entretenir dans le peuple pour le maintenir en léthargie. Sortir de la zombification de masse, de la lobotomie mentale collective, voilà ce qui est vraiment révolutionnaire. Mais pour ça, encore faut-il en finir avec les illusions et les mensonges dont se bercent encore des imposteurs comme Lordon et ses semblables, qui font partie du problème et certainement pas de la solution. Car la solution, c’est la connaissance de soi.

  1. Ajoutons également, pour en finir avec cette fallacieuse accusation de racisme, que la fermeture et l’hostilité des Français envers les immigrés, aussi odieuses qu’elles puissent paraître, n’en sont pas moins parfaitement compréhensibles, pour ne pas dire franchement légitimes : elles ont leur cause dans la décolonisation hâtive et bâclée que le général de Gaulle a imposé à une armée qui avait, sur le terrain, remporté militairement la guerre d’Algérie ; il n’est donc pas étonnant, il est même parfaitement normal et légitime que les Français, qui ont été contraints d’abandonner leurs colonies, se mettent à dénigrer voire à détester des immigrés issus de ces mêmes colonies, venus par la suite chercher les avantages de leur ancienne métropole : « vous avez voulu nous chasser de chez vous ? Fort bien, mais ce n’est pas pour venir ensuite vous installer chez nous ! Vous nous avez virés mais vous voulez quand même profiter de la France ? Trop facile : les immigrés, dehors, rentrez chez vous, à votre tour ! » Voilà ce qu’il s’est passé, et rien d’autre. Cela ne justifie évidemment pas un déchaînement de fureur comme le massacre du 17 octobre 1961, mais cela contribue suffisamment à l’expliquer pour s’épargner de sombrer dans le moralisme culpabilisateur. Il a simplement manqué aux Français le recul et la hauteur de vue nécessaires — la capacité de faire la part des choses — pour percevoir l’hommage, l’honneur, l’amour et le respect que les immigrés nous témoignaient en réalité en quittant leur pays pour venir en France, puisque ce faisant ils adhéraient à notre modèle de civilisation au détriment du leur. Sans oublier qu’en fait de racisme, c’est précisément cela qui fut le critère décisif du général de Gaulle pour abandonner l’Algérie française, comme il l’a signifié à Alain Peyrefitte : « est-ce que vous donneriez votre fille à marier à un Arabe ? » Quant à l’immigration de masse que subit la France depuis les années 1970, elle a été organisée par les milieux patronaux, industriels et financiers, pour faire pression à la baisse sur les salaires, tout en préparant le terrain au « choc des civilisations » que la CIA a toujours voulu déclencher en Europe en général et en France en particulier. ↩︎
  2. Voilà sans doute l’une des raisons pour lesquelles les Russes prennent leur temps en Ukraine : ils épuisent jusqu’au bout le potentiel matériel et humain de l’Otan — ils démilitarisent et dénazifient l’Otan (en particulier en éliminant les mercenaires occidentaux qui ont remplacé l’armée ukrainienne et qui sont généralement des nazillons), en élargissant simplement leurs buts de guerre officiels, qui sont la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine, à l’Otan tout entière. Même logique au Moyen-Orient : l’Iran, qui a montré sa supériorité tactique et stratégique sur Israël avec la frappe du 14 avril dernier, semble en fait se contenter d’attendre que s’épuise la capacité de nuisance israélienne, tenue en échec par l’héroïque résistance gazaouie. En termes de stratégie en effet, laquelle repose pour une bonne part sur la maîtrise du facteur temps (cf. Sun-Tzu), alors que l’Otan et Israël ont tout fait pour précipiter le chaos, les Russes et les Iraniens font tout pour ralentir le rythme et réorienter la marche du monde vers un nouveau cours et un nouvel ordre, non plus unipolaire mais multipolaire et non plus compétitif mais coopératif (logique mise en œuvre à travers les BRICS). C’est donc à un véritable changement de paradigme que nous sommes en train d’assister, dans une dynamique ô combien vertueuse qu’il ne faudra pas me pousser beaucoup pour y voir une véritable gilets-jaunisation de la vie politique internationale (si j’ose dire), en parfaite cohérence avec l’esprit, les valeurs et le niveau de conscience de l’Ère du Verseau. ↩︎

S T A G E
en
IMMERSION
"Opération BUGARACH"

  

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